Uvéite

Uvéite

1. Uvéite

L’uvéite ou les uvéites sont un groupe d’affections inflammatoires intraoculaires qui peuvent être d’origine purement inflammatoire ou d’origine infectieuse. D’innombrables causes peuvent être à l’origine d’une uvéite. Ce domaine de l’ophtalmologie est l’un des sujets dans lesquels le Centre d’Ophtalmologie Spécialisé (COS) peut se considérer comme un centre d’excellence. Ci-dessous quelques exemples d’uvéites sont donnés.

2. Uvéite HLA-B27 (Uvéite rhumatismale)

Uvéite HLA-B27 – stade aigu – administration de collyre

L’uvéite HLA-B27 est l’uvéite la plus fréquente sous nos latitudes. Il s’agit d’une uvéite antérieure de type non-granulomateux. Elle peut se présenter sans association ou en association avec une spondylarthrite ankylosante. Son cours est habituellement aigu ou suraigu sous forme d’un oeil rouge sans sécrétions et une baisse de la vision. Elle est toujours unilatérale mais peut passer d’un oeil à l’autre, d’un épisode à l’autre (uvéite à bascule). Le patient doit consulter rapidement parce que l’inflammation du segment est caractérisée par une exsudation de protéines inflammatoires dans la chambre antérieure de l’oeil, dans l’humeur aqueuse. Ces protéines forment une colle qui va faire que l’iris se colle postérieurement sur le cristallin, la lentille naturelle de l’oeil (synéchies). Si l’on n’intervient pas rapidement en administrant des collyres qui dilatent la pupille, il se peut que ces adhérences seront permanentes, déformant la pupille. En cas d’uvéite aiguë de ce type, la recherche de la présence de l’antigène HLA-B27 doit s’effectuer par une prise de sang. Environ 60% de ces uvéites sont HLA-B27 positives. Si tel est le cas, le diagnostic est assuré et son comportement peut être prédit, ce qui rassure le médecin comme le patient. Ces uvéites sont souvent récidivantes mais répondent en général bien au traitement. Celui-ci consiste en l’administration de collyres qui dilatent la pupille pour éviter des adhérences permanentes. Ces collyres dilatants sont combinés avec des collyres anti-inflammatoires de cortisone, qui, au début de l’épisode, doivent être donnés à haute fréquence jusqu’à une goutte toutes les 30 à 60 minutes. Un épisode dure environ 3 semaines avec un rythme décroissant de fréquence d’administration des gouttes de cortisone avant que le traitement puisse être stoppé. Le patient doit savoir que des récidives peuvent survenir dont le rythme est aléatoire. De ce fait, le patient doit toujours avoir un flacon de collyre cortisonique non entamé afin qu’il puisse commencer à mettre les gouttes, s’il ne peut pas voir le médecin de suite. Dans certains cas le patient peut se plaindre de douleurs articulaires au bas du dos. Il doit alors être adressé à son médecin traitant en lui indiquant être HLA-B27 positif et qu’une spondylarthrite ankylosante est suspectée.

Spondylarthrite ankylosante

3. Uvéite de zona ophtalmique

Le zona ophtalmique est provoqué par le virus de la varicelle-zona de la famille des virus herpès. Cette maladie peut également produire une kératite (infection-inflammation de la cornée) et tout zona ophtalmique doit être contrôlé par un médecin ophtalmologue pour exclure une telle atteinte. Le zona ophtalmique doit être traité dans les trois jours par des comprimés de substance antiviral à haute dose (valacyclovir 3 x 1000mg). Au niveau oculaire en cas dératite ou/et d’uvéite, une pommade antivirale est donnée en combinaison avec un collyre cortisonique pour éviter les cicatrices sur la cornée.

Zona ophtalmique
Kératite zonateuse – lésions sur la cornée (colorant fluorescéine)

4. Uvéite herpétique

Le virus herpes simplex peut causer une atteinte cornéenne mais il peut également causer une inflammation intraoculaire (uvéite). Il cause alors une uvéite de type granulomateux qui la distingue facilement d’une uvéite HLA-B27. Elle est en général unilatérale et reste unilatérale lors d’épisodes récidivants. Elle provoque une atrophie de l’iris et se caractérise par des dépôts sur la partie interne de la cornée. Son traitement consiste en pastille antivirales par la bouche, une pommade antivirale localement et des gouttes cortisoniques.

5. Uvéite de Fuchs

Uvéite de Fuchs – Dépôts sur la partie interne de la cornée

Cette uvéite a été décrite pour la première fois en 1906 par Ernst Fuchs, un professeur d’ophtalmologie pratiquant à Vienne qui a donné son nom à cette uvéite très particulière. La particularité de cette uvéite, unilatérale dans 9 cas sur 10, est une différence de couleur de l’iris de l’oeil atteint par rapport à l’oeil sain. L’oeil atteint a toujours une couleur plus claire. Cependant en cas d’iris bruns cette différence de couleur ne se retrouve pas. Il faut alors rechercher d’autres signes particuliers, comme de fins dépôts sur la partie intérieure de la cornée distribués de façon diffuse sur toute la cornée.
C’est l’uvéite la plus mal diagnostiquée : il arrive très souvent qu’un retard de diagnostic considérable se produise parce que le médecin cherche la différence de couleur de l’iris qui n’existe pas en cas d’iris de couleur brune. Ceci a souvent des conséquences dramatiques, car un traitement par la bouche (avec ses effets secondaires potentiels) est instauré fréquemment alors qu’aucun traitement n’est nécessaire.
Aucun traitement n’est efficace et il s’agit d’éviter de donner à tort un traitement par collyre cortisonique qui entraine à son tour des effets secondaires. Par contre il faut suivre ces patients régulièrement tous les 9-12 mois, car des complications sous forme de cataracte et de glaucome peuvent survenir.

Uvéite de Fuchs avec hétérochromie (oeil droite)
Uvéite de Fuchs avec hétérochromie (oeil gauche)

6. Uvéites en Suisse romande

Dans les années nonante nous avons effectué une étude épidémiologique sur les types d’uvéites et leur fréquence en Suisse romande. De loin, l’uvéite la plus fréquente est l’uvéite HLA-B27 positive. D’autres uvéites fréquentes sont l’uvéite toxoplasmique, l’uvéite zonateuse, l’uvéite herpétique et l’uvéite de Fuchs.